Un risque de prise de poids après la stérilisation de mon chat ?

De nombreuses études montrent que la stérilisation des chats, surtout des chats mâles, est un facteur du risque de surpoids voire d’obésité.

C’est important, car les chats souffrant d’obésité sont plus à risque de développer d’autres maladies comme un diabète sucré, une constipation, des problèmes orthopédiques, des troubles de l’hémostase, des affection du tractus urinaire, une lipidose hépatique, ou encore des affections cutanées.


Pourquoi un chat stérilisé a-t-il tendance à prendre du poids ?

Il semble que dans les 3 mois qui suivent la stérilisation, les chats aient tendance à augmenter leur prise alimentaire. Cette augmentation arrive tout de suite après la chirurgie, avec un pic 3 jours après, alors que la prise de poids, elle, ne devient significative que 7 semaines après la stérilisation.

Ainsi, ces chats gagnent environ 30% de leur masse corporelle, et essentiellement en masse grasse.

Il est intéressant de constater que les études ne montrent pas de variation des dépenses énergétiques de base après la stérilisation chez les mâles. Ce ne serait donc pas le métabolisme qui serait en cause dans leur prise de poids, mais principalement la prise de nourriture. De ce fait, une restriction alimentaire permettrait de restreindre la prise de poids post-stérilisation.


Pas de parité devant l’obésité !

Une autre étude montrerait que chez les femelles, c’est une autre histoire : les femelles stérilisées ont besoin d’un apport calorique restreint pour maintenir leur poids de forme, par rapport aux femelles entières. Il semblerait même qu’une restriction de plus de 30% de la prise de nourriture soit nécessaire pour maintenir le poids d’une femelle stérilisée ! Ces besoins énergétiques diminueraient dans les 4 à 16 semaines après la chirurgie, données que l’on ne retrouve pas chez les mâles.
Il est aussi à noter que dans ces études, l’activité de ces chats étaient diminuée (de 33 à 60%). De plus amples études sur les dépenses énergétiques des chats stérilisés seraient intéressantes.


Pourquoi les chats stérilisés mangent-ils davantage ?

Une des conséquences de la stérilisation est un changement hormonal. Bien sûr, on constate une diminution des hormones sexuelles comme la testostérone et les oestrogènes, mais pas que…
Ainsi, on peut voir une augmentation de la concentration sanguine en prolactine, IGF-1 (insuline growth factor-1) et leptine.
Il est intéressant de constater que le taux d’oestradiol diminue même chez les mâles après leur stérilisation. de plus, après complémentation en oestradiol de ces chats mâles stérilisés en surpoids, on constate une baisse de la prise alimentaire significative. L’oestradiol, pourrait ainsi être un facteur majeur influençant la prise de nourriture.

Ainsi, l’oestrogène aurait un rôle important, que ce soit chez la femelle ou chez le mâle.

Comment faire pour que mon chat ne soit pas trop gros ?

Selon les différents articles, les auteurs semblent s’accorder sur le fait que la quantité de prise alimentaire chez le chat serait un facteur clef dans la prise de poids après la stérilisation.
On devra alors se concentrer sur la gestion de la prise alimentaire et l’éducation des propriétaires.


Oui, mais comment gérer la prise alimentaire alors que mon chat est encore en croissance?

Les chats sont souvent stérilisés à un jeune âge, la croissance n’étant pas complètement terminée.

Les chatons nécessitant des nutriments particuliers pour leur croissance, il est important de leur fournir une alimentation destinée à leur croissance. On estime que la taille adulte d’un chat européen est atteinte vers l’âge de 10 mois. C’est donc un vrai challenge pour les propriétaires de gérer l’alimentation d’un jeune chat, souvent stérilisé vers l’âge de 6 mois, dans cette période allant de 6 à 10 mois.

Ainsi, il est conseillé d’effectuer un monitoring du poids et du score corporel (estimant l’état de maigreur ou d’obésité) de votre animal toutes les 2 semaines. Ceci permettra un ajustement des quantités de nourriture que vous pourrez lui donner.
Si la prise alimentaire ne peut pas être bien contrôlée ou si les volumes semblent trop restreint, il peut être intéressant de passer sur une alimentation de croissance mais avec une densité énergétique plus faible. Un ajout de fibre dans certains aliments permet ainsi de diminuer la quantité d’énergie digestible. Une alimentation humide permet aussi d’augmenter le volume alimentaire avec un même apport calorique.
De nombreux choix sont disponibles, votre vétérinaire saura vous conseiller.


À la lecture de nombreux articles, il semble clair qu’une alimentation à volonté (« ad libitum ») donnée après la stérilisation favorise le gain de poids. Aujourd’hui, il est recommandé d’éviter ce mode de distribution chez les chats stérilisés.

On peut aussi jouer sur les dépenses énergétiques de votre chat. Il a été montré qu’augmenter la fréquence des repas et augmenter la part de nourriture humide dans l’alimentation induisait un accroissement de l’activité du chat. Dans cette recherche d’une activité acrue, des jouets permettant la recherche de nourriture comme les pipolinos, ou les funny board cat, ou des gamelles ralentissant les prise de nourriture, pourraient être intéressants.

De manière plus subjective, le propriétaire a un rôle central dans la gestion du poids de son chat. En effet, la plupart des propriétaires sous-estimeraient ce poids, ce qui pourrait contribuer à l’obésité féline.

Les visites chez le vétérinaire sont très importantes : il pourra vous conseiller individuellement sur le poids de votre chat, en se basant sur son score corporel. Des discussions sur la densité énergétique, la quantité de nourriture distribuée, le rythme de distribution, et l’activité de votre chat permettront de vous accompagner vous et votre chat, de manière personnalisée et suivie  🙂

J’espère que cet article vous a aidé 🙂

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Date : Novembre 2017

Auteur : Alexandra de Nazelle, Docteur Vétérinaire

Un site sympa pour vous aider à évaluer le score corporel de votre chat

Bibliographie.
1- Larsen, Risk of obesity in the neutered cat, Journal of Feline Medicine and Surgery
2017, Vol. 19(8) 779–783
2- Sloth C. Practical management of obesity in dogs and cats. J Small Anim Pract 1992; 33: 178–182.
3- Colliard L, Paragon BM, Lemuet B, et al. Prevalence and risk factors of obesity in an urban population of healthy cats. J Feline Med Surg 2009; 11: 135–140.

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