Le consensus ACVIM sur la pancréatite du chat est sorti !
Et vous me connaissez, j’adore faire le point sur ces maladies, parce que je suis férue de santé, et donc de Médecine Interne, pour comprendre les mécanismes et les prises en charges adaptées, afin de maintenir vos loulous dans la meilleure santé possible !
Mon idéal est de favoriser la médecine préventive, et pour cela il faut parfaitement maitriser également la médecine générale classique qui vise à aider l’animal quand les symptômes sont déjà là.
Penchons nous donc sur ce consensus dont vous pouvez lire la version intégrale et originale ici .
Alors la pancréatite du chat, c’est quoi ?
Bien que chez les humains la définition et la classification des pancréatites ait été standardisée en intégrant différentes disciplines médicales, la classification standardisée de la pancréatite chez le chat reste à définir.
En général, une pancréatite aigüe est caractérisée par une inflammation complètement réversible après gestion de la cause de cette pancréatite. Tandis que la pancréatite chronique présente des changement irréversibles. La différence entre ces 2 pancréatites est principalement histopathologique et non clinique, non symptomatique.
Une pancréatite bénigne est associée à quelques complications comme une nécrose pancréatique minime et généralement une mortalité faible.
Ceci contraste avec les pancréatite sévères caractérisées par une nécrose pancréatique extensive, l’implication ou même la défaillance de multiples organes et parfois un pronostic semble.
Mais qui est touché ?
Il n’y a pas de prédisposition de race, de sexe ou d’âge.
Quelles sont les causes ?
Écartons tout de suite les causes rares :
Des pancréatites ont été observées chez des chats présentant diverses infections parasitaires comme Toxoplasma Gondii ou encore certains virus comme des calicivirus ou herpesvirus, mais il semblerait que ce n’infections ne soient la cause de la pancréatite que dans de rares cas.
L’hypotension, notamment créée par une anesthésie semble être la cause de pancréatite, bien plus que la manipulation du pancréas lors de chirurgie abdominales.
Les tumeurs pancréatiques sont rares chez les chats.
Chez les humains, il existe de manière rare des pancréatites auto-immunes,. ceci n’a pas été établi chez les chats mais la réponse de pancréatites chroniques à des traitements immunosuppresseurs suggèrerait un origine immunitaire chez certains chats.
Venons-en maintenant aux causes plus fréquentes : la pancréatite du chat a été associée à plusieurs maladies concomitantes, notamment le diabète sucré, les entéropathie chroniques, la lipidose hépatique, la cholangite, une néphrite (inflammation du rein), ou encore une anémie hémolytique auto-immune, bien que nous ne connaissions par encore le mécanisme d’action.
Du coup, on dit que dans plus de 95 % des cas que les pancréatites du chat sont idiopathiques, ce qui est le mot scientifique pour dire qu’on n’en connait absolument pas la cause.
Essayons tout de même de décrire la pathophysiologie de la pancréatite
Une activation précoce des enzymes digestives pancréatiques dans les cellules acineuses (Les cellules acineuses pancréatiques ont pour fonction de synthétiser les enzymes digestives ainsi qu’un fluide primaire qui permet le maintien en solution et facilite le transport des enzymes qu’elles sécrètent) résulte en une auto-digestion du pancréas, et cela jouerait un rôle important dans la mise en place des pancréatites aussi bien chez le chat que chez les humains .
Le développement spontané de ce type de pancréatites inclurait une auto-activation du trypsinogene (Le trypsinogène est une protéine sécrétée par le pancréas dans le suc pancréatique qui se déverse dans le duodénum pour faciliter la digestion des protéines. Le trypsinogène est la forme inactive (proenzyme) de la trypsine, enzyme impliquée dans la digestion des polypeptides dans l’intestin grêle) et une activation des zymogènes (précurseurs d’enzymes) par des thrombines lors d’infection bactérienne, d’ischémie(diminution de l’apport sanguin artériel à un organe) ou d’hypoxie (les besoins en oxygène ne sont pas couverts).
Par contre, si tout le monde est à peu près d’accord pour dire que c’est le trypsinogène qui débute tout, il n’y a pour l’instant pas de consensus pour savoir comment et pourquoi il s’auto-active.
Bref, comme on le disait , c’est l’hypoperfusion et la thrombose ( la formation d’un caillot (thrombus) dans une veine ou une artère obstruant la circulation du sang dans le système circulatoire.) qui peuvent être des déclencheurs d’une nécrose pér-pancréatique.
Parlons un peu anatomie…
Chez le chat, seul le conduit pancréatique ou conduit de Wirsung persiste. Il s’ouvre près du canal cholédoque dans une ampoule hépato-pancréatique typique, creusée dans la papille duodénale majeure, à 2 ou 3 cm du pylore (valve entre l’estomac et l’intestin). Il arrive que le conduit pancréatique accessoire ou conduit de Santorini persiste chez le chat (dans 20% des cas) et débouche dans ce cas 15 à 20 cm en aval.
Chez le chien, le conduit pancréatique ( Wirsung, ou canal pancréatique ) et le conduit pancréatique accessoire ( Santorini ) drainent les parties du pancréas dérivées de ses ébauches ventrales et dorsales. Leur disposition est variable : le premier draine plutôt la partie crâniale du lobe droit et débouche sur la papille duodénale majeure ; il est inconstant. Le conduit pancréatique accessoire, le plus important, draine le corps et le lobe gauche et la plus grande partie du lobe droit, et débouche sur la papille duodénale mineure, en aval de la précédente. Leur débouché est muni d’un muscle sphincter. La majorité des chats ne possède pas de conduit accessoire ( absence de bourgeon dorsal ).
Chez le chat, il y a une particularité anatomique : le conduit des voies biliaires et le conduit pancréatique rejoignent le duodénum par la même « papille duodénale majeure». Ceci favorise les infections ascendantes. Cet abouchement partagé du conduit biliaire et du conduit pancréatique dans le duodénum pourrait expliquer l’association entre une cholangite aigue ou une cholecystite bactérienne et une pancréatite.
Les signes cliniques
Les signes cliniques de la pancréatite aiguë ou chronique ne sont pas spécifiques.
Les signes cliniques les plus fréquemment rapportés chez le chat sont : l’anorexie partielle ou totale (62-97%) et la léthargie (51-100% des cas).
Or ce sont les signes les plus importants dans de nombreuses maladies félines. Les signes abdominaux sont sporadiques et moins fréquemment rapportés : lors d’une étude rétrospective sur 40 chats, on observait des vomissements dans 25-52% des cas, une douleur abdominale dans 25% des cas et de la diarrhée dans 11-38% des cas. On peut également observer une tachypnée (74%), une perte de poids (30-47%),de l’hypothermie (68%), un ictère (64%), une tachycardie (48%), de l’ataxie (15%) et de la fièvre (7%)
À l’examen clinique on a souvent une déshydratation (37-92%), une hypothermie (39-68%) et une douleur abdominale seulement dans les 10 à 30% donc pas toujours, mais en même temps, les auteurs soulignent qu’il est parfois difficile de reconnaître une douleur abdominale chez un chat. Un ictère n’est présent que dans 6 à 37% des cas.
On va souvent avoir une hypotension , une hypoglycémie, une hypocalcémie ionisée ou une combinaison de tout cela.
ALORS QUELS EXAMENS COMPLÉMENTAIRES ?
La radiographie ne sert pas à grand chose car elle n’est ni sensible ni spécifique pour la pancréatite du chat.
L’échographie, elle est l’examen de routine le plus utilisé en imagerie et fait partie des examens de base à faire quand on suspecte une pancréatite. Chez le chien comme chez le chat, l’observation d’un pancréas normal à l’échographie n’exclut pas une pancréatite.
De plus, les chats avec des signes gastro-intestinaux peuvent avoir d’autres soucis digestifs, au niveau des intestins, du foie, de la vésicule biliaire, et l’échographie est très instructive dans ces cas là.
Un pancréas normal est isoéchogène ou hypoéchogène comparé au mésentère proche et isoéchogène au foie.
Le lobe gauche est situé entre la grand courbure de l’estomac et le bord cranial du colon transverse et il est plus visible à l’échographie que le lobe droit . Ce lobe gauche fait 5-9 mm d’épaisseur et le lobe droit seulement 3 à 6 mm !
Alors dans les pancréatites aigues de chat, on a souvent un pancréas un peu plus large, une graisse périphérique hyperéchogène.
Lors de pancréatites suppurées, sur des découvertes d’autopsies, des petits nodules contenants des secrétions nécrotiques sont visibles et les hémorragies au sein de l’organe toujours présentes.
Mais la sensibilité de ces signes et des 11 à 67% seulement et dépend de l’opérateur qui fait l’échographie et de la gravité des signes cliniques…
Dans une pancréatite chronique, les images échographiques typiques ne sont pas vraiment définies, on peut avoir une image hypoéchogène ou mixte, un conduit biliaire dilaté, un pancréas élargi et des marges pancréatiques irrégulières mais on pourrait également retrouver ces éléments lors de pancréatite aigue.
Dans les examens de base on retrouve une numération et formule sanguine et une biochimie complète ainsi qu’une analyse d’urine, examens que l’on préconise chez tout patient malade.
Bien que ces tests ne soient pas spécifiques d’une pancréatite, qu’elle soit aigüe ou chronique chez le chat, elle sont utiles pour écarte d’autres hypothèses diagnostiques, explorer les co-morbidités ou les complications.
L’hématologie varie lors de pancréatite chez les chats.
Lors de pancréatite aigue on peut retrouver une augmentation des erythrocytes, cela peut être secondaire à une déshydratation due à une perte de fluides par exemple avec les vomissements ou une diarrhée ou les 2. On peut voir des signes d’inflammation, surtout lors de pancréatite sévère. Dans certains cas vraiment sévères on peut avoir des signes de coagulation intramusculaire disséminé (CIVD) souvent avec une thrombocytopénie et une augmentation des produits de dégradation de la fibrine ou des D -Dimères ou des 2.
Sur la biochimie on peut avoir une augmentation des enzymes hépatiques par exemple mais c’es variable et pas vraiment prévisible.
On va retrouver également une augmentation de l’urée ou SDMA mais ca c’est encore dû à la déshydratation.
Dans les pancréatites sévères on peut aussi avoir une insuffisance rénale aiguë secondaire à une diminution de la perfusion rénale, hypovolémie, hypoxie… L’azotémie a été liée à la progression de la maladie, c’est intéressant.
Une concentration plasmatique basse en calcium ionisé lors de pancréatite aigüe est associée avec un pronostic plus sombre.
On voit des hypo et hyperglycémies lors de pancréatites aigues nécrosantes et suppurées, et une hypoglycémie est associée à un pronostic sombre.
Dans les autres espèces, une pancréatite est associée à une hyperlipidémie avec augmentation des triglycérides et/ou du cholestérol. Chez les chats ce n’est pas pareil, l’hypertriglycéridémie est rare et il n’y a pas d’association entre hypertryglicéridémie et pancréatite.
Les cellules acineuses pancréatiques sécrètent plein d’enzymes digestives : l’amylase, la lipase, DNAse, RNAse..) et des pré-formes d’enzyme inactives : zymogènes, trypsinogène, proelastase, phospholipase..) qui sont reléguées dans l’intestin grêle via le conduit pancréatique. Et une petite quantité de ces enzymes se retrouve dans le secteur vasculaire. Mais il n’y a pas que le pancréas qui sécrète ces enzymes et elles disparaissent rapidement du sang donc bon, pas très interessant pour un diagnostic précis. Il y a par exemple une lipase gastrique (estomac) et une lipase pancréatique
Chez le chat, certaines études rapportent qu’il n’y a pas de variation de la lipasemie ou de l’amylasémie lors de pancréatite.
Ce qui est plus interessant c’est qu’on peut mesurer l’activité de la lipase pancréatique sérique spécifique du chat la FPLI . Pour ce test, la spécificité est bonne mais il faut noter que la sensibilité est plus grande dans les cas sévère et moins grande dans les cas moins sévères. Une étude rétrospective sur 275 chats malades, donc pas mal quand même, a rapporté une valeur prédictive positive de 90% (cela veut dire que dans 90% des cas si le test dit que le chat a une pancréatite, c’est qu’il vraiment une pancréatite , parce que oui, les tests ne sont pas toujours fiables, ces valeurs de prédictivité sont importantes) et une valeur prédictive négative (quand on dit qu’il na pas de pancréatite, c’est qu’il n’en a pas) de 76%. Le petit bémol dans cette étude c’est qu’ils ne nous disent pas si les chats sont gravement malades ou pas, car rappelez-vous que c’est important pour la fiabilité du test.
Il y a des tests rapides aussi pour la fPL qui ne nous donnent pas de valeur mais qui disent « normal » ou « anormal » Et les chats avec « normal » sont peu susceptibles d’avoir une pancréatite
Qu’est-ce qu’on peut faire de plus comme test ?
Souvent une augmentatif de l’activité de l’amylase sérique a été associé à une pancréatite aigüe chez certains chat. Mais la sensibilité diagnostique du test est faible, et en plus elle n’est pas spécifique d’un tissu en particulier, ce n’est pas un bon biomarqueur de pancréatite chez le chat.
On mesure aussi la TLI, spécifique d’espèce donc on va mettre un f comme félin et l’appeler la FTLI. Alors qu’est-ce que c’est encore ça ? C’est la mesure du trypsinogène, et de la trypsine et la sensibilité varie entre 30 et 86% donc très très moyen. En plus, une augmentation sérique de fTLI a été associée avec des enteropathies chroniques, des lymphoïdes gastro intestinaux et elle peut même apparaitre chez des chats avec un débit de filtration glomérulaire diminué ! donc l’utilisation des fTLI est très très limitée et en vrai on ne l’utilise pas.
La cytologie, c’est l’étude des cellules.
Alors globalement dans les pancréatites aigües on peut avoir un peu de liquide et si on aspire on retrouve des cellule d’inflammatoires, principalement des neutrophiles, quelques macrophages et de débris nécrotiques.
Lors de pancréatites chroniques ce qu’on aspire est peu cellulaire parce qu’on a surtout de la fibrose.
Dans tous les cas, qu’on soit sur une pancréatite aigüe ou chronique, le fait d’avoir des cellules inflammatoires ou non sur l’échantillon aspiré ne permet pas d’exclure quoi que ce soit car l’infiltration inflammatoire peut êtres très très localisée , surtout lorsque c’est chronique.
Lors de pancréatite aigüe, du fluide peut s’accumuler à coté du pancréas. Et dans ce fluide, on retrouve typiquement une forte concentration en protéines avec une cellularité variable et on le classifie en exsudat ou transsudat.
ALORS COMMENT ON PREND EN CHARGE NOS PETITS CHATS ?
Quand c’est possible, lors de pancréatite aigüe, il faut retirer la cause de la pancréatite. Logique.. Mais ce n’est pas facile car comme on l’a vu, souvent on ne connait pas la cause et on dit que c’est idiopathique.
Du coup, dans la prise cn charge on va surtout retrouver un traitement symptomatique et du nursing.
La plupart des recommandations sont extrapolées de celles en médecine humaine ou celles de chiens, ou des modèles expérimentaux de pancréatites chez les chats.
On gère les complications : la cholestase, la lipidose hépatique, l’insuffisance rénale aigue, la pneumonie, l’état de choc, la myocardite, la CIVD, la détresse multi-organes…
… et on diagnostique et traite les comorbidités : le diabète sucré, l’acido-cétose diabétique, la cholangite, l’enteropathie chronique… et ca c’est très important pour le succès de la prise en charge !
Dans les pancréatites aigües, on se concentre sur une fluidothérapie adaptée, la gestion de la douleur, la gestion des vomissements et des nausées et un support nutritionnel.
Repenchons-nous sur les causes de la pancréatite chez le chat ?
On retrouve des agents infectieux qui peuvent occasionner des maladies comme la pancréatite, Toxoplasma gondii, ou plus rarement Amphimerus pseudofelinus ou Erytrema Procyonis. Mais ces cas sont rare et on ne les teste pas.
Il faut faire attention à l’historique de la prise de médicaments car certains médicaments peuvent créer une pancréatite.
La fluidothérapie est, pilier du traitement : on réhydrate et on corrige un déséquilibre dans les electrolytes. On fait très attention à la fluiodothérapie parce que l’hypovolémie peut altérer la composition du sang parce que le pancréas en souffrance, et donc enflammé, et donc avec des lésions sur les cellules acineuses et cela peut altérer le flux sanguin. En établissant précocement une fluiodthérapie intraveineuse on limite les dommages tissulaires, et en augmentant la perfusion du pancréas on améliore sa distribution en oxygène.
La durée des signes clinique avant présentation chez le vétérinaire est directement proportionnelle à la mortalité, à cause en partie de l’hypovolémie.
La déshydratation, l’inappétence, les vomissements, la diarrhée peuvent mener à une hypoperfusion resultant en une acidose métallique et une azotémie pré-rénale ! Ce qui peut être corrigé par une fluidothérapie.
Une hypoglycémie concomitante ou encore une acide-cétose diabétique ou une insuffisance rénale peuvent contribuer à cette acidose métabolique. D’autres études sont nécessaires pour déterminer le choix idéal de fluide chez le chat mais le Ringer Lactate ou une solution similaire est souvent le premier choix. La fluidothérapie doit être monitorée de près pour éviter une réhydratation, qui n’est pas souhaitable non plus.
Alors les signes digestifs, on en fait quoi ??
Les vomissements et une nausée sont souvent présents chez les chats avec une pancréatite, mais moins souvent que chez les chiens.
Les antinauséeux sont très importants pour diminuer la perte de fluides et d’électrolytes et diminuer le risque d’oesophagite à cause des régurgitations. De plus, une prise en charge précoce des nausées permet un retour plus rapide à la prise alimentaire spontanée.
L’anti-nauséeux le plus fréquent chez le chat c’est le maropitant, un antagoniste de récepteurs NK1 (oui je vous avait dit qu’on vous dirait des trucs complexes, parce que c’est intéressant, après, vous prenez, vous ne prenez pas, mais c’est cool), donc le maropitant il agit à la fois au niveau central (dans le cerveau et périphérique en inhibant la fixation de la substance P au récepteur NK1 situé dans le centre du vomissement) et dans le tractus gastro -intestinal.
En plus, il a une valence d’analgésie viscérale, il diminue la douleur abdominale et a une activité anti-inflammatoire et dans ce contexte là, on prend.
Il y a aussi l’ondansetron, un antagoniste du récepteur 5HT3 qui inhibe la stimulation vagale (du nerf vague, vous allez le voir, on le retrouve un peu partout celui-là) induite par la sérotonine. Le maropitant et les antagonistes 5HT3 travaillent différemment alors on peut même les utiliser ensemble.
Chez les chats avec une gastroparésie ou un iléus : c’est à dire qu’il n’y a plus de contraction digestive, plus de transit, un traitement prokinétique peut être utile pour augmenter la mobilité intestinale.
Alors le metoclopramide a des effets anti-émétiques (contre la nausée) centraux qui peuvent être questionnés, chez le chat, mais on peut l’administrer en débit continu et il augmente la vidange gastrique ( de l’estomac) et diminue cette atonie gastrique. Une étude suggère une contre-indication à l’utilisation du metoclopramide à cause de son effet antagoniste de la dopamine chez le chat présentant une pancréatite, mais il n’y a pas d’étude clinique qui ait confirmé une telle contre-indication.
Il y a le cisapride aussi qui a un effet prokinétique chez le chat, en prise par voie orale.
Quels autres soins ?
On met sous perfusion avec correction des désordres électrolytiques et acido-basiques.
Chez les humains, les antibiotiques ne sont pas recommandés lors de pancréatite aigüe, à moins qu’une infection soit fortement suspectée ou confirmée.
En médecine vétérinaire, les pancréatite aigues sont considérées comme étant stériles. Du coup, les antibiotiques ne sont pas non plus recommandés sur les cas non compliqués.
Si une infection pancréatique est suspectée ou confirmée, on utilise des antibiotiques à spectre large. L’infection peut être ascendante via la conduit pancréatique commun ou le conduit biliaire et la numération et formule sanguine suggère une infection.
Une infection bactérienne peut survenir avec par exemple des cholangites, une pneumonie par aspiration à cause des vomissements.
La gestion de la douleur, autre pilier du traitement.
La douleur est difficile évaluer chez les chats.
Bien qu’on délivre moins souvent d’anti-douleur chez le chat souffrant de pancréatite aigue, comparé à des humains ou des chiens, c’est qu’elle est surement sous estimée.
Les opioides doivent être utilisés en analgésie première chez les chats en pancréatite aigue. La buprénorphine convient pour la plupart des chats, et si la douleur est vraiment plus sévère on peut se diriger vers la méthadone ou le fentanyl.
Le citrate de maropitant , un anti nauséeux procure également une analgésie viscérale.
De manière additionnelle, on peut aussi penser à la gabapentine et au tramadol par voie orale comme option analgésique.
Les stimulants d’appétit :
La plupart des chats avec une pancréatite aigue n’ont pas d’appétit , ce qui peut contribuer à de la malnutrition ou une altération de la barrière intestinale, une altération du microbiote, ou de l’immunité. De plus, ils peuvent développer une lipidose hépatique. C’est pour cela qu’il est important de réstaurer une bonne prise alimentaire.
La mirtazapine est le stimulant d’appétit le plus prescrit, et ce qui est intéressant c’est qu’elle a aussi un effet anti nauséeux. Maintenant, il existe de la mirtazapine en crème, sous forme transdermique qui est bien tolérée et est efficace.
La nutrition :
Chez les patients présentant une pancréatite aigüe sévère, une réalimentation précoce est considérée comme une intervention thérapeutique diminuant les nécroses pancréatiques infectieuses et l’incidence de défaillance multi-organe, et donc améliorant le pronostic.
Du coup, on ne recommande PLUS DU TOUT de jeûne prolongé.
Dans cette article, il est précisé qu’en humaine on pose une sonde d’alimentation naso-gastrique chez les humains présentant une pancréatite aigüe dans les 24h après admission à l’hôpital. Les auteurs de l’article préconisent une ré-alimentation rapide des chats à l’aide de sonde d’alimentations également, dans les 48h d’hospitalisation si le chat ne répond pas aux stimulants d’appétit ou ceux qui sont anorexiques depuis longtemps au moment de l’admission. On pose souvent une sonde naso-oesophagienne, qui ne nécessite pas d’anesthésie générale ou une sonde d’oesophagostomie (mais c’est un geste beaucoup plus technique, qui demande en plus une anesthésie générale donc on ne le privilégie pas).
Les informations sur la nutrition optimale lors de pancréatites sont limitées. Je les explorerai dans un autre article.
Les chats ont besoin d’une alimentation riche en protéines, ce qui les expose à une fonte musculaire lors d’anorexie. Une diminution de la prise alimentaire de certains acides aminés comme la méthionine et l’arginine peut limiter la synthèse de lipoprotéines hépatiques (du foie) et de phospholipides , ce qui peut contribuer au développement d’une lipidose hépatique. Il faut donc être vigilant.
Les chats supportent mieux la diète de matières grasses par rapport au chien.
Quel pronostic ?
le taux de mortalité chez les chats en pancréatite aigüe varie de 9 à 1%, selon 4 études. Les chats présentant une pancréatite sévère à modérée ont généralement un bon pronostic lorsqu’un management approprié de l’affection est mis en place. Cependant, les chats présentant une pancréatite aigüe ont un pronostic plus réservé, surtout quand des complications ou co-morbidités sont présentes.
Conclusion
Ben que les pancréatites aigües et chroniques du chat soient communes en clinique, leur diagnostic reste un challenge, qui nécessite de prendre en compte l’historique de l’animal ainsi que son examen clinique, des examens d’imagerie, des données de laboratoire et potentiellement de l’histologie ou de la cytologie.
Le traitement de la pancréatite aigüe nécessite la prise en charge de ses causes, une fluidothérapie, dans ait-douleur, des anti-nauséeux, un support nutritionnel, et tous les autres soins symptomatiques et de soutien nécessaires.
La prise en charge d’une pancréatite chronique implique également la prise en charge des causes potentielles, le diagnostic et le traitement des co-morbidités, et potentiellement des traitements anti-inflammatoires ou immunosuppresseurs.
On se penchera dans un autre article sur des données nutritionnelles, ce qui pourra nous emmener sur des notions de micro-nutrition chez le chat.
Auteure : Alexandra de Nazelle
Docteure Vétérinaire– Diplômée du CEAV de Médecine Interne des Carnivores domestiques, Ostéopathie vétérinaire (AVETAO), DIU de phytothérapie de l’Université de Médecine de Nantes, Phytothérapie vétérinaire (AVETAO)
Date : Novembre 2023
Bibliographie
Thèse vétérinaire 2009 :
LES AFFECTIONS PANCREATIQUES CHEZ LE CHAT, VENEL Laetitia
Thèse vétérinaire 2009 : ÉTUDE BIBLIOGRAPHIQUE DES LÉSIONS PANCRÉATIQUES CHEZ LES CARNIVORES DOMESTIQUES. FRÉQUENCE ET NATURE DE CES LÉSIONS DANS UN ÉCHANTILLON DE 57 CHIENS ET CHATS PRÉSENTÉS POUR UN EXAMEN NÉCROPSIQUE À L’ENVL, Céline ANTOMARCHI
BARONE R. : Pancréas. In : Anatomie comparée des mammifères domestiques, tome 3, splanchnologie, foetus et ses annexes, fascicule premier, appareil digestifappareil respiratoire, 1997, 560-575.
Thèse vétérinaire 2002 : LES AFFECTIONS DU PANCREAS EXOCRINE CHEZ LE CHAT, Murielle BONNIN
2009 : PRISE EN CHARGE NUTRITIONNELLE DES PANCRÉATITES AIGUËS CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT, Elise GRAVERON
2004 : thèse vétérinaire ECHOGRAPHIE DU PANCREAS CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE, Benjamin, Charles, Henri DOMANGE