Depuis l’Antiquité, l’encens est cultivé dans des régions au climat de mousson spécifique de la péninsule arabique, en Somalie, en Éthiopie et en Inde et est commercialisé le long des routes commerciales de l’encens nabatéen vers l’Europe et la Chine depuis 5000 ans.
Dans l’Antiquité, l’encens était l’une des ressources les plus demandées et les plus précieuses d’Europe et était une des raisons de la prospérité de la péninsule arabique.
C’était un remède approuvé en Europe contre l’inflammation au début du XXe siècle et il est mentionné dans le 7e supplément de la Pharmacopée européenne de 2006.
Boswellia serrata, au nom si chantant, est un grand arbre d’Afrique et du nord de l’Inde qui peut atteindre 20 mètres. Sa résine, utilisée pure ou mélangée à d’autres gommes sert à la fabrication d’encens aussi appelé oliban, Frankincense, encens indien, ou Salai guggal.
Cette résine a été utilisée en médecine traditionnelle pour le traitement des maladies inflammatoires. B. serrata a été mentionné dans des textes anciens de l’Ayurveda avec le nom sanskrit « Gajabhakshya » signifiant sa consommation par les éléphants.
Les analyses phytochimiques ont révélé que la résine d’oléogomme de l’encens contient un mélange très complexe de plus de 200 composés chimiques différents ! Notamment des terpénoïdes penta- et tétracycliques, des saponines, des alcaloïdes, des polyphénols, des tanins, des huiles essentielles, du mucus, des sucres et d’autres composés.
Ce sont des acides tri-terpéniques qui sont les principaux responsables de l’activité thérapeutique de cette plante.
Boswellia a une activité anti-inflammatoire grâce à ses acides boswelliques qui empêchent également la libération de leucotriènes.
On va retrouver cette action anti-inflammatoire dans de nombreuses affections comme le syndrome du côlon irritable, la bronchite et la sinusite, l’asthme, le psoriasis et l’eczéma érythémateux, la gingivite induite par la plaque dentaire mais aussi dans les affections locomotrices comme les rhumatismes. Et oui, car ils inhibent notamment le facteur NF-kappaB et modulent l’inflammation en inhibant des interleukines comme IL-1beta et IL-6 !
C’est ainsi qu’on va retrouver Boswellia dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et les affections ostéo-articulaires dégénératives.
Une étude portant sur 29 chiens arthrosiques a ainsi montré qu’une dose de 400 mg/10 kg de poids, donnée une fois par jour pendant 6 semaines a réduit significativement la sévérité des signes d’arthrose comme la boiterie intermittente, une douleur locale, ou une démarche raide. Après 2 semaines de traitement, une efficacité a été constatée dans 71% des cas. Au bout de 6 semaines des améliorations statistiquement significatives et la disparition des symptômes typiques ont été constatées. . Les seuls effets secondaires décrits étaient des flatulences ou diarrhée brève réversible, décrite chez 5 chiens, mais la relation avec Boswellia n’a été supposée que dans un cas.
La piste de cette complémentation alimentaire est très intéressante car elle ne présente pas les effets secondaires décrits des anti-inflammatoires non stéroïdiens et des corticoïdes.
D’autres complémentations alimentaires pourraient enrichir cet apport, notamment les acides gras poly-insaturés, les chondroprotecteurs tels que la chondroïtine et Glucosamine ou l’extrait
de moules vertes de Nouvelle Zélande, bien que ces compléments mériteraient qu’on les étudie davantage dans leur usage chez les chiens et chats.
Un usage dans certains cancers?
Oui ! De toute façon, il est très fréquent de retrouver des activités anti)tumorales pour des plantes ayant un effet anti-inflammatoire.
Plusieurs études ont montré des effets cytotoxiques et antiprolifératifs des acides boswelliques de B. serrata.
Les acides boswelliques un effet antiprolifératif sur les tumeurs (notamment dans des leucémies ou gliobastomes), et stimulant d’apoptose (=mort programmée des cellules) (notamment dans les fibrosarcomes et mélanomes).
L’apoptose induite par l’acétate d’acide boswellique a également été confirmée par une analyse morphologique et de fragmentation de l’ADN (Jing et al., 1999).
En médecine humaine, les cancers gastro-intestinaux sont devenus la principale cause de décès par cancer dans le monde en raison d’un mauvais pronostic (Ferlay et al., 2013) et, par conséquent, une approche alternative a attiré l’attention pour la prévention de tous ces types, par ex. cancers colorectaux, gastriques, pancréatiques, intestinaux (Garcea et al., 2003 ; Sharma et al., 2004 ; Grau et al., 2006).
Ainsi, l’usage de Boswellia seule et sa combinaison avec de l’AKBA (acide 3-α-acétyl-11-céto-α-boswellique) ont pu induire un arrêt du cycle cellulaire dans les lignées cellulaires de cancer colorectal (Toden et al, 2015). Des essais concluants ont également été menés en ajoutant de la curcumine à l’usage de Boswellia.
Bien sûr, son usage ne dispense aucunement d’une consultation avec un cancérologue le cas échéant, et ne dispense pas de suivre les traitements qu’il peut proposer à votre animal.
Un usage intestinal ?
Et oui aussi !
Elle est traditionnellement utilisée pour traiter les gastrites et douleurs abdominales, et les diarrhées, notamment lors de colite inflammatoire.
Enfin, on n’oubliera pas son activité anti-asthmatique grâce à son action anti-inflammatoire et plus particulièrement parce qu’elle inhibe les leucotriènes, qui interviennent notamment dans la bronchocostriction ! (70 % des patients avec asthme chronique sont améliorés significativement)
Elle a bien sûr encore plein d’autres propriétés comme un effet hypocholesterolémiant et de lutte contre le diabète.
Sous quelle forme la retrouve-t-on ?
Très souvent sous forme de gélule, avec des dosages variant de 100 mg à 1200 mg. La dose varie en fonction de l’effet attendue et des recommandations.
Souvent elle est associée à d’âtres plantes à action anti-rhumatismale comme le curcuma ou le gingembre.
La biodisponibilité de tout agent est un aspect important de son efficacité.
Des données sont disponibles sur la pharmacocinétique de divers acides boswelliques, et les doses rapportées efficaces dans certains modèles animaux sont supérieures aux doses correspondantes traditionnellement utilisées en pratique clinique (Yadav et al., 2012). Cependant, une étude de sécurité de 90 jours sur B. serrata a montré que des doses de 500 mg/kg n’avaient aucun effet indésirable observé (Singh et al., 2012). Les acides boswelliques se sont avérés sûrs jusqu’aux niveaux de dose étudiés de 2,0 g/kg (Singh et al., 1996).
*Les leucotriènes sont des médiateurs de l’inflammation d’origine lipidique, qui ont été reconnues initialement à travers leurs puissants effets bronchoconstricteurs. Des molécules ciblant la voie des leucotriènes ont notamment été introduites dans le traitement de l’asthme.
Date : Septembre 2022
Auteur : Auteur :
Alexandra de Nazelle
Docteure vétérinaire
Diplômée du CEAV de Médecine interne- DIU de Phytothérapie de l’Université de Médecine de Nantes
Praticienne en Ostéopathie vétérinaire et phytothérapie vétérinaire
Bibliographie :
- Journal of Ethnopharmacology -2015-Pharmacological evidences for cytotoxic and antitumor properties of Boswellic acids from Boswellia serrata
- Seminars in Cancer Biology- 2019- Anti-inflammatory and anti-cancer activities of frankincense: Targets, treatments and toxicities
- – Phytomedicine 17 (2010) 862–867 Modulation of the immune system by Boswellia serrata extracts and boswellic acids
- – Prim Care Clin Office Pract 29 (2002) 231–261- Respiratory and allergic diseases: from upper respiratory tract infections to asthma – Raja Jaber, MD
- Clinical efficacy of curvet and boswellic acid combined with conventional nutraceutical product : an aid to canine osteoarthritis, catering and al. , 2021- Plos one
- Dietary support with boswellia resin in canine inflammatory joint and spinal disease, reichling and al
- -Eric Lorrain- Grand Manuel de Phytothérapie